Aventure
Par une belle journée de juillet, j’avais enfourché mon VTT reluisant de propreté pour un tour du lac de Roselend. A peine avais-je effectué quelques centaines de mètres quand le rêve devint réalité : je me trouvais au milieu du terrain de jeu de quatre superbes marmottes absolument pas effrayées par ma présence.
Après quelques minutes de contemplation émerveillée, je continuais mon chemin quand le rêve devint moins idyllique. "Attention Danger !" m’indiquait un panneau et à juste raison puisque je dus bientôt descendre dans une sorte de ravin traversé par un ruisseau avant de retrouver mon chemin de l’autre côté.
Mais, encore fraîche et pleine d’énergie, je poursuivais mon tour du lac quand un second panneau m’annonça un nouveau danger. Nouveau ravin, nouveau ruisseau.
Pour un circuit annoncé facile sur le guide du site VTT du Beaufortain, je ne trouvais guère ces passages délicats de très bon goût. D’autant plus que je ne tardais pas à rencontrer un troisième panneau et un troisième ravin.
Le rêve s’éloignait inexorablement, surtout que la boue allait bientôt devenir mon nouvel ennemi. Un passage boueux, un deuxième passage boueux, un troisième passage boueux… et je m’enfonçais jusqu’aux genoux.
Le rêve était devenu cauchemar : malgré mes efforts, je n’arrivais pas à m’extirper de cette boue. Seule la présence d’un canoë à portée de voix sur le lac me rassurait quelque peu. Pourtant, je m’accrochais à mon VTT qui s’était enfoncé moins profondément que moi et tirais sur ma jambe droite de toutes mes forces.
Ouf ! Elle vint enfin dans un grand bruit de ventouse… mais ma chaussure resta au fond du trou. Prenant appui sur de la terre un peu plus ferme, j’arrivais dans un nouveau " splatch " à sortir ma jambe gauche mais, là encore, ma chaussure ne vint pas avec mon pied.
Heureuse d’être sortie de ce piège à VTTiste, j’essayais bien d’arracher ma première chaussure à la boue, le bras complètement enfoncé dedans. En vain : ma chaussure était prisonnière. Quant à la seconde, la boue l’a engloutie alors que je tentais désespérément de récupérer la première. Il ne me restait plus qu’à continuer en chaussettes !
Sachant que je n’étais plus très loin de Trécol où je savais retrouver un chemin carrossable, je choisissais de poursuivre dans cette direction plutôt que de faire demi-tour car, même si je n’avais fait que quatre kilomètres depuis mon point de départ, il était hors de question pour moi de retraverser les trois ravins en chaussettes.
Conclusion : mon tour du lac de Roselend à VTT aura été bouclé avec des chaussures sur quatre kilomètres, en chaussettes sur les douze autres, sachant que je ne pouvais tenir sur mon vélo ni dans les montées, ni dans les descentes, les petites dents entourant mes pédales s’enfonçant dans mes tendres petits petons !
J’avais perdu mes chaussures mais pris un bain de boue digne
de la meilleure thalasso, si bien que lorsque je rejoignis mes parents un peu
plus haut en direction du Cormet de Roselend pour un pique-nique en famille, ils
ne remarquèrent même pas que j’étais en chaussettes, mes jambes et mes bras
étant recouverts d’une épaisse couche de boue !
Florence Benoît