Au fil des sorties ... en train ... ou à vélo ...


La petite reine se paye le train !

Episode 1 : Les Marais de Lavours.
Cette journée de juin s'annonce belle et chaude. Dans la gare de Chambéry règne l'excitation habituelle qui caractérise les petits et grands départs. L'expérience est nouvelle et lorsque le train arrive, les cinq cyclistes, pas encore très organisés et mal conseillés par un contrôleur fort peu aimable, hissent leurs vélos dans un wagon aux marches hautes et mal commodes, dans un joyeux désordre ! Pour la descente, le groupe s'est organisé et le conducteur de train, souriant lui, nous souhaite bonne route.

Comme toujours, les directions de départ sont sujettes à discussion. Nous trouvons rapidement la bonne et partons en direction du Sud-Est sur des petites routes vallonnées et agréables, peu fréquentées en ce dimanche matin. A Ceyzérieux, nous faisons un aller et retour vers Aignot, pour voir les Marais de Lavours. Nous n'y ferons qu'un petit tour - remettant à une autre fois une visite plus approfondie - en poussant nos vélos, car nous craignons les crevaisons sur les chemins de terre. Nicole, sur laquelle se sont précipités les moustiques avec appétit, est fort soulagée lorsque nous remontons sur Ceyzérieux pour prendre la route de Vongnes.

Là, nous montons dans le village. Le cadre, la pogne du pays, l'espace détente méritent que l'on fasse un arrêt petit-déjeuner. Nous passons ensuite devant la petite église médiévale, fermée malheureusement. En revanche, celle de Flaxieux, petit bijou du Bugey, est ouverte aux visiteurs. Bernadette profite de l'acoustique exceptionnelle pour y faire ses dévotions du dimanche.

Poursuivant notre route vers Lézieu, Paul nous fait bifurquer avant la descente sur le Rhône pour admirer le petit lac de Barterand sur lequel sommeillent quelques barques.
En descendant sur la D 992, nous profitons de la vue sur le château de Rochefort, avant de traverser le canal, puis le Rhône, après la montée vers Massignieu-de-Rives. Il fait chaud, et nous sommes à la recherche
d'un point d'eau. Rien à Lucey, mais en montant vers le col, Paul, attiré par le son cristallin d'une source, découvre une fontaine à l'écart, à l'entrée de Jongieux. L'eau savoyarde est d'une autre qualité que celle de nos voisins de l'Ain ! Cela nous aidera à gravir le col, sous une chaleur de plus en plus étouffante. Le soleil commence à se voiler à notre arrivée à Monthoux, où, bien nous en prend, nous choisissons de pique-niquer. La douche qui nous attend avant le sommet du col, en sera plus facile à accepter. La pluie qui nous cingle dans la descente rend celle-ci, sinon très dangereuse, du moins fort désagréable.
Nous retrouverons le soleil et la chaleur avant Chambéry. Lucienne en profite pour crever devant la station d'épuration - pneu avant heureusement, ce qui lui permet de commencer la réparation avant que Paul ne revienne sur ses pas pour lui prêter main-forte.
Nous atteignons Chambéry sans autre incident. Chacun regagne ses habitations respectives, contents de cette première expérience.

Episode 2 : Annecy, son lac et sa piste cyclable.
Cette fois-ci, c'est un contrôleur fort aimable qui nous ouvre un wagon, condamné à cause d'une climatisation défectueuse, pour que nous puissions y entreposer nos vélos et nous autorise du coup à nous installer en première. Les membres de l'équipe, du moins ceux qui passent leur temps à travailler pour gagner leur croûte, se sentent en vacances et les langues vont bon train.Petite hésitation à la sortie de la gare. Maryvonne se précipite déjà vers la direction " Lac ", mais la " chef " la rappelle à l'ordre car telle n'était pas son intention à l'instant présent. Il y a le marché dans la vieille ville et cela donne des couleurs et une animation charmantes à cette petite Venise, mais empêche Bernadette de faire le tour de ville projeté, car les vélos, les commerçants et leurs clients ont du mal à cohabiter.
Quelques photos plus tard, nous sommes au bord du lac, et nous nous engageons sur la promenade cyclable, sans avoir eu à prendre la route nationale et sa bordure. L'éclairage sur le lac est magnifique, la piste encore peu fréquentée et presque uniquement par des cyclistes, la moyenne bonne. Nous prenons le café promis par Bernadette à Doussard, faisant un tout petit crochet pour cela car nous ne passerons dans aucune ville ou village, avant Albertville. Il est donc maintenant possible d'aller d'Annecy à Albertville sans prendre une seule fois les routes fréquentées, à part sur les deux derniers kilomètres qui ne bénéficient que d'une bande cyclable.
A l'entrée d'Albertville, nous essayons de savoir où se trouve Lucienne, qui avait laissé un texto quelque temps auparavant pour nous dire qu'elle était en route …. mais du mauvais côté de l'Isère. Il s'agit de la faire changer de côté pour que nous puissions déjeuner ensemble.

A cet instant précis, Guy passe avec son 4X4, en route pour Flumet et il nous confirme que Lucienne a bien pris son vélo pour venir à notre rencontre. Les troupes, affamées, - il n'est pourtant que midi juste - fomentent une petite révolte, mais Bernadette reste ferme et mène son petit monde jusqu'à Fréterive où l'espace fontaine / murets de pierre mérite bien l'arrêt déjeuner, en compagnie de Lucienne, dûment dirigée vers le lieu.
Bernadette sort ses gants transparents pour changer sa chambre à air, qui, malgré les trois coups de pompe depuis Albertville, semble vraiment crevée. Les gants ne se saliront pas : en deux temps, trois mouvements, Michel, abondamment conseillé par Maryvonne, a tout remis en ordre.
Les petites bosses de la D201, même si certains/certaines trouvent que cela fait un contraste avec la piste du matin (du plat n'en déplaise aux adeptes des côtes douloureuses !) ne soulèvent pas trop de protestations. La 'chef' se fait distancer dans les montées, mais par de sournois petits 'tourner à droite', 'tourner à gauche', s'assure que sa légitimité n'est pas prise en défaut. Après le petit café à St Pierre d'Albigny, le groupe ne fera plus d'arrêt. Michel nous quitte à Myans pour prendre tout droit vers l'Avenue verte sud, tandis que les autres tournent sur St Baldolph. Plus tard, ce sera Maryvonne qui prendra le pont vers La Ravoire et un peu plus loin, Lucienne qui rentre à Francin.
Les au-revoir divers s'accompagnent de la question " à quand la prochaine sortie train-vélo ? "

Episode 3 : La vallée du Grésivaudan, de Chambéry à Grenoble.
Et nous voici à la troisième sortie train-vélo ou plutôt vélo-train, puisque cette fois-ci, c'est le retour qui se fera par le train. Sept personnes au départ, à Curial. Michel, notre guide du jour, emmène tout ce petit monde par l'avenue verte sud jusqu'à St André puis la descente vers Chapareillan. Comme nous ne traverserons ensuite plus aucune ville ou village jusqu'à Grenoble, Bernadette décide qu'il est temps de prendre un café dans un établissement bien fréquenté par la gent cycliste.
Jusqu'à Barraux, le trajet continue d'être des plus classiques. Une fois le croisement passé, nous plongeons vers la vallée pour prendre la route des maïs - ou des noix - suivant l'œil jeté à droite ou à gauche. La direction générale est " toujours au sud " avec à notre droite les contreforts de la Chartreuse.
Jusqu'à La Terrasse, où nous nous arrêtons à l'ombre de l'église pour un petit en-cas, le parcours suit une ligne logique. Cela se corse ensuite et Michel n'hésite pas à faire des petits raccords empierrés que ses coéquipier(ère)s n'osent pas contester, bien que le tandem ait quelquefois du mal à négocier les étroits passages ! Sous la Dent de Crolles, nous traversons toute la zone informatique, heureusement déserte en ce dimanche matin.
Au détour d'un énième zigzag dans une petite descente, Michel tend le bras à droite en indiquant la " salle à manger " où il suffit de mettre la table et les chaises au soleil.
De toute façon, il fallait s'arrêter car Florence a intelligemment crevé à ce moment-là. Ce sera l'apéritif, et pour le digestif, Serge et Philippe ayant attendu que tout le monde se soit bien restauré, estiment à leur tour qu'il serait nécessaire de faire la même opération sur le pneu avant du tandem.
Sans hésiter, Michel continue à nous faire traverser l'autoroute par-dessus, par-dessous, nous faire tourner à droite puis immédiatement à gauche ou le contraire, à nous faire monter quelques petites côtes pour redescendre aussitôt, le but étant de s'attabler devant une tasse de café. Mais Carrefour est fermé et avec lui le café attenant. Après la traversée du grand parking abandonné, nous décidons donc de poursuivre notre route vers Grenoble.
Nous atteignons celle-ci par le pont du Sablon sur l'Isère, non sans avoir fait encore quelques crochets d'évitement de routes à grande circulation !
Là, comme il sied à de bons cyclistes étrangers à la ville, nous faisons un tour complet de la place de Verdun, avant de prendre la direction de la gare. Les carrefours se succèdent et comme (s)chu(i)te à la sonnerie d'un message téléphonique - 'Lucienne' s'exclame le chœur des cyclistes et C'EST Lucienne ! - ….. Des passants, témoins du drame, se précipitent mais voient tout de suite que chacun dans l'équipe a son rôle : Bernadette se relève, évalue les dégâts et avale ses granulés d'Arnica ; Florence vole au secours de la pompe, Pierre remet le vélo sur ses roues puis, avec l'aide de Michel, replace la chaîne sur les bonnes dents et rectifie le 'look' du guidon, Serge et Philippe contemplent la scène et calent leur tandem contre un lampadaire, Marie-Françoise s'inquiète de la santé de la 'chuteuse'.
Du coup, la petite incursion sur les berges ombragées du Drac est abandonnée, d'autant plus que Marie-Françoise, persuadée que le train, prévenu de son arrivée, est là sur le quai à l'attendre et qu'elle risque de le manquer, presse anxieusement ses compagnons de route vers la gare. Ces derniers arriveront à la persuader qu'avec presque trois quarts d'heure d'attente, ils avaient bien le temps de prendre un café ! Mais, bien sûr, ils ne savaient pas à ce moment-là qu'elle les entraînerait dans une joute oratoire avec l'employé du guichet SNCF pour négocier le meilleur prix du billet de retour à Chambéry entre les 50%, les 25%, les billets handicapés et les normaux ! Elle se consolera de cette vaine négociation en s'installant dans le train près d'une dame à toutou, où, après lui avoir fait la conversation, elle lui empruntera son Paris-Match….. et lui descendra ses bagages à l'arrivée à Chambéry.
Le groupe se disperse à la sortie de la gare après avoir négocié avec plus ou moins d'élégance les passages et escaliers entre les quais.

Bernadette Pace-Roux