Récit : La Croatie, à découvrir ...


La Croatie, Pourquoi ? ou Pourquoi pas !
du 3 au 10 juin 2006

21 partants un petit peu impatients de " parvenir " dans ce pays si controversé ;
- " Tel était l'état d'esprit du groupe de cyclos pour ce voyage un peu inédit".
Le parcours " aller ", mis à part une crevaison (sur autoroute !) et un bouchon à la frontière slovène s'est déroulé d'agréable façon. L'hébergement à l'hôtel "Lisanj" dans un cadre magnifique fut fort apprécié, ainsi que les copieux buffets accompagnants les différents repas. Qu'ajouter au résumé de Florence ? Que malgré la "Bura" nous avons eh ! Oui ! Rouler tous les jours (exclu la Visite du parc de Plitvice).
Que nous avons comme " première " en file indienne, franchi le fameux " KRCKI MOST " long de 1400 m, pour une très belle étape ensoleillée sur l'île de K R K (n'essayez pas de prononcer en croate !). Que l'état des routes en général, nous a plutôt surpris, le nombre restreint de crevaison peut en témoigner (5 ou 6)
Des pionniers ? Me direz-vous ! Pas tout à fait, il n'en demeure pas moins qu'il fallait oser cette aventure. C'est grâce à la convivialité, à l'ambiance et à la responsabilité de tous les participants, que le séjour s'est déroulé sous les meilleurs hospices, malgré le temps pas toujours agréable.
Je ne vous parlerai pas des montagnes, ni de la mer et ses couleurs, ni des fleuves,ni des lacs,ni des nuages ni des nombreux monuments, encore moins des souffrances constatées ou inconnues tout cela c'est la CROATIE : paysage de contraste d'une très grande beauté. Tous les superlatifs employés ici ou là ne reflètent que la simple vérité de la nature croate.
Ce séjour semble avoir fait des émules *, puisque 2 clubs nous ont déjà contacté.
Comme la tradition le veut, je remercie l'ensemble des participants qui ont su perpétuer l'ambiance des séjours de l'ascension.

Jean Maurice Reymond

* Jean Maurice serait-il une tête d'émules ?

10 Dames :
Gisèle Bouvet, Chantal Dupuy, Janince Ebelé, Michèle Fréger, Nicole Ménétrier, Christiane Lefèbvre, Jo Pinardin, Renée Reymond, Florence Benoit, Alice Ughetto Monfrin

11 Messieurs :
Gérard Gérard Allemoz, Gérard Dupuy, Yves Mathieu, Charly Menetrier, André Lechuga, Bernard Lodo, Gérard Lyonnet, Jean Maurice Reymond, Paul Rousselot Pailley, Stéphane Turnar, Fabien Savouroux.

Carnet de Voyage

SAMEDI 3 JUIN : 91 km , 1 600 m de dénivelé
Novi Vinodolski, Klenovica, Smokvica, Senj, Vratnik, Zula Lokva, Prokike, Veljun Primorski, Krivi Put, Podbilo, Alan, Klenovica, Novi Vinodolski

8h du matin. Pneus gonflés, chaînes graissées. Nous sommes tous prêts à nous lancer sur les routes de notre première étape croate. Première ou seconde étape ? Première pour les plus timorés (ou prudents, je vous laisse le choix du qualificatif), seconde pour les plus courageux (ou presque inconscients) qui ont affronté le vent et la pluie la veille pendant… 10 km avant de se rendre à l'évidence : même un cyclo chambérien ne peut vaincre Eole déchaîné. 20 km aller-retour et rendez-vous à la piscine de l'hôtel : au moins, là, l'eau est à 27°c.
Première véritable étape, donc. Et c'est par la route du bord de mer que nous gagnons Senj, par petits groupes, au milieu des cars de touristes. Regroupement général à la sortie de la ville, photos du château, et nous entamons la montée vers Zula Lockva.
La pente est douce mais la difficulté vient à nouveau du ciel : à la fine pluie qui nous glace s'ajoute le vent. Le redoutable vent croate. Si bien qu'au sommet, Fabien, arrivé le premier avec Gérard L. et Paul, court nous prévenir, Janine et moi, de descendre de nos montures avant le sommet car les trois hommes sont passés près de la chute tant les rafales sont violentes. Courbées comme deux petites vieilles, nous souffrons pour avancer tout en poussant nos engins en alu qui semblent tout à coup de plomb faits.

La Croatie ou l'histoire d'une météo capricieuse
La bora. Un vent glacé et violent qui naît des sommets pour mourir à la côte, en creusant des vagues de deux à trois mètres de hauteur l'hiver. Nous ne le savions pas en partant. Désormais, nous le savons trop bien. La bora, c'est l'ennemie numéro 1 du cycliste en Croatie. Et si je vous dis qu'en montagne, la température annuelle moyenne est de l'ordre de 6°C, vous ajouterez des gants polaires dans vos valises, même en juin. Car la montagne croate est le domaine des précipitations abondantes et des tempêtes de neige…
Je ne le savais pas en quittant Chambéry. Je ne me suis pas équipée pour l'hiver. Tétanisée par le froid tandis que nous attendons Nicole, Chantal et Gisèle, je capitule : à la descente sous la pluie, je préfère la chaleur du minibus. Tout comme Nicole. Mais nos téméraires compagnons, eux, affrontent les mauvaises conditions climatiques jusqu'à Prokike.

L'événement de l'année à Alan
La petite route que nous empruntons ensuite traverse une belle forêt qui protège nos amis cyclos du vent même si le parcours est vallonné jusqu'à Alan, lieu de notre pique-nique. Un café - qui ne sert pas de café - nous met à disposition tables et bancs contre quelques consommations. Probablement sa recette du mois ! Et l'événement de l'année ! Notre hôte nous prend discrètement en photo de son balcon tandis qu'un villageois désœuvré - vêtu d'un bon gros manteau et de son chapeau fourré, lui - vient nous tenir compagnie. A la fin du repas, deux autres Croates nous ont rejoint. Il n'en faudrait guère plus pour que nous fassions la " une " de la presse locale !
Toujours frigorifiée, je décide subitement de repartir en vélo. Sans réfléchir. Sinon, à coup sûr, je préférerais de nouveau la chaleur du bus. Mais mon courage, aussi subit soit-il, est bien récompensé : la vue sur la mer est magnifique depuis Javorje, la descente agréable et le vent ayant tourné nous l'avons dans le dos pour les derniers kilomètres en bord de mer.

DIMANCHE 4 JUIN : 112 km, 1 750 m de dénivelé
Novi Vinodolski, Bribir, Lukovo, Ravno, Lic, Banovina, Fuzine, Lokve, Homer, Gornje Jelenge, Ostrovica, Krizisce, Botobrajici, Kostelj, Grizane, Bribir, Novi Vinodolski

Bien peu romantique est la montée par laquelle nous débutons cette nouvelle journée en Croatie : nous longeons sur plusieurs kilomètres une décharge à ciel ouvert. Décor de sacs plastiques accrochés dans les buissons. Odeur qu'il vaut mieux ne pas décrire. Pourtant, à Novi Vinodolski, le tri sélectif semble aussi avoir fait son apparition comme en attestent les différentes couleurs de poubelles. Le ballet des camions, la fumée des ordures brûlées, les hectares de déchets prouvent que seule la beauté de la côte est préservée. Cette décharge occultée, la route offre néanmoins un paysage de carte postale. Au premier plan, la vieille ville avec son clocher si blanc se détachant sur le bleu profond de l'Adriatique. Au fond, l'île de Krk et ses falaises arides.

Laissez-moi vous offrir, Mesdames, ces quelques brins de muguet "
Après Bribir, notre ascension se poursuit dans la forêt. Paul et Michèle font travailler leur mémoire, outre leurs mollets, recherchant le nom de plantes rares en Savoie. Leurs âmes de botanistes se réveillent au milieu de cette abondante végétation. Les yeux rivés dans les bas côtés de Paul ne manquent pas de s'arrêter sur un brin de muguet, qu'il offre amoureusement à Michèle. Que c'est beau l'amour ! Au sommet du col, Yves s'éclipse quelques instants… pour revenir un énorme bouquet de muguets dans les mains. Toujours attentionné et généreux, notre ami offre à chaque féminine un brin de cette liliacée à l'odeur douce et agréable. Que c'est beau l'amitié !
La suite de notre parcours est moins tendre, du moins pour nos bras. Nous empruntons de toutes petites routes forestières en assez mauvais état. La plus grande vigilance est de rigueur. Plutôt que d'admirer les petites fleurs, nous anticipons sur notre trajectoire. J'ai le sentiment d'être perdue au milieu de nulle part. Les villages de Lukovo et Ravno ne comptent que quelques habitations. Les très rares voitures que nous croisons sont tellement surprises de voir en ces lieux le joli peloton que nous formons qu'elles s'arrêtent systématiquement pour nous laisser passer. Nous sommes loin de la côte et de ses cars de touristes !

Trente kilomètres : trois heures !
A la sortie de la forêt, nous faisons une halte à la chapelle de Marija Snjezna, construite sur un vaste plateau où poussent des gentianes des neiges. Nous nous inquiétons un peu en constatant que nous n'avons parcouru guère plus d'une trentaine de kilomètres en trois heures de temps : la longue montée puis la route défoncée ont rendu particulièrement lente notre progression. Heureusement, à partir de Lic, la chaussée est excellente. A la sortie de Fuzine, nous prenons toutefois le temps de jeter un œil au lac et au barrage de Jezero Bajer puis nous passons le grand plateau. Jusqu'à ce qu'une bonne grosse averse nous contraigne à nous abriter sous une épaisse forêt. La montée qui suit est facile mais un pneu de Gérard D. ayant éclaté, nous sommes à nouveau amenés à faire une pause prolongée, peu avant un joli belvédère sur le lac de Lokvarsko jezero.
A Lokve, l'estomac dans les talons, nous sommes enchantés par le restaurant que nos intendantes du minibus nous ont réservé. Avec garage à vélo qui plus est ! Un abribus pour nous ! Un abribus pour nos vélos ! Nous sommes protégés de la pluie qui s'abat à nouveau sur la région, du vent et du froid en nous serrant les uns contre les autres tels des manchots sur leur banquise.

Il ne manquait plus que la neige. La voilà !
Après le repas, Nicole et moi décidons de profiter du minibus plutôt que de poursuivre en vélo sous un régime d'averses intermittentes. Chacun l'aura compris : je déteste la pluie. Et surtout le mal de gorge et la toux qu'elle ne manque pas de déclencher systématiquement. Nos camarades, eux, prennent la direction de Homer pour rejoindre la route que nous avons descendue juste avant le déjeuner, en passant près du lac. A notre grande surprise, la neige amassée sous un toit de Homer ne remonte pas à plusieurs semaines mais date des jours précédents. Ce ne sont pas des tubes de crème solaire que nous aurions dû emporter dans nos bagages mais nos gants d'hiver et nos bonnets !
Nicole se réjouit d'être montée dans le minibus tandis que nos courageux camarades affrontent une pente à 15 ou 16%, avant d'essuyer une nouvelle averse dans la descente vers Gornje Jelenje. Heureusement, la suite de la descente est sèche, le soleil jouant à cache-cache avec les nuages.

Ratatinés
De Botobrajici à Bribir, la route s'avère particulièrement vallonnée mais très agréable. De jolis petits villages, dont un doté d'un fort assez bien conservé, se succèdent. Seule l'entrée dans Novi Vinodolski se révèle véritablement délicate en raison d'importants travaux : la route n'est plus que trous et cailloux. " Pour finir la journée bien ratatinés " selon l'expression de Gisèle. Yves, lui, a perdu sa sacoche de selle au cours de la journée et Bernard une vis indispensable au mécanisme du frein avant de son vélo tout neuf. Sacrée journée ! Même les vélos semblent " ratatinés ".


LUNDI 5 JUIN : 135 km, 2 050 m de dénivelé
Novi Vinodolski, Breze, Razkrizje, Mosune, Rodojcici, Dreznica, Zrnici, Nikolici, Jezenane, Krizpolje, Brinje, Prokike, Veljun Primorski, Krivi Put, Podbilo, Alan, Novi Vinodolski

Autant vous le dire tout de suite : j'ai renoncé dès que j'ai ouvert les rideaux de ma chambre. Car derrière les rideaux à fleurs, il y avait des rideaux de pluie sur les montagnes. Et le vent. Et le froid. Trop pour moi. Nicole et Charlie ont pris la même décision de leur côté. Nous restons à l'hôtel tandis que Renée, Christiane, Jo et Stéphane suivront le groupe en minibus après avoir vainement tenté de se procurer une vis pour le frein de Bernard. qui se trouve donc au chômage technique partiel puisqu'il se voit contraint de ne pédaler que dans les montées et d'avoir recours au minibus dans les longues descentes. Mais n'est-ce pas pour lui une occasion rêvée de filmer confortablement ses camarades ? Et puis n'a-t-il pas obtenu l'adresse d'un vélociste de Crikvenica qui pourra certainement le dépanner ? Allez, courage Bernard.

Quand elle ne pédale pas, Alice danse…
C'est sous une pluie intermittente, dans la fraîcheur et quelques petites nappes de brouillard que les plus courageux des cyclos chambériens affrontent les trente kilomètres de montée par lesquels débute cette étape. Grâce à l'accueil chaleureux des montagnards croates - qui ne voient pas en nous des touristes dont il faut extorquer un maximum d'argent - le peloton affamé trouve un joli café où s'abriter pour pique-niquer. Et une très gentille serveuse. Afin de réconforter chacun, Alice, dont c'est le premier voyage avec le club, offre tisanes et cafés à l'ensemble de ses camarades. Avant de se lancer dans une danse endiablée avec un Croate, qui semble trouver beaucoup de charme à cette petite cycliste française. Jean-Maurice, lui, réfléchit déjà à l'organisation de son prochain voyage en constatant que dix-huit enfants ont réussi à s'installer dans un minibus de neuf places, lors du ramassage scolaire. Ne pourrait-on pas faire l'économie du deuxième minibus en casant dix-huit cyclos chambériens dans un seul véhicule ?
Souffrant du froid, Chantal décide de passer l'après-midi avec ses copines du minibus. Il faut dire que Stéphane a trouvé une activité particulièrement intéressante afin de rompre avec la monotonie des forêts que le circuit traverse : les courses d'escargots. Ces derniers semblent en effet avoir marqué les esprits lors de cette étape car, lors de mon enquête du soir pour collecter les impressions de chacun, Gérard L. ne me parle que des ENORMES escargots qui jalonnaient les routes. Quant à Gisèle - qui n'a pas faibli de la journée - elle me confiera que c'est certainement le circuit le plus difficile de sa carrière cyclotte compte tenu de sa longueur et du dénivelé. Alors je n'aurai qu'un mot pour ma camarade de chambre : félicitations !

Charlie et moi : deux triathlètes en Croatie
Et moi dans tout ça ? Ne croyez pas que j'ai passé la journée à flemmarder. Non. Pas du tout. Charlie et moi nous sommes reconvertis dans le triathlon : marche le matin durant les averses passagères, natation le midi à la piscine de l'hôtel et 74 km de vélo l'après-midi, à vive allure, pour 1.115 m de dénivelé, sous le soleil revenu.

MARDI 6 JUIN : Une journée sur et sous l'eau !
Visite du parc national des lacs de Plitvice

Aujourd'hui, nous jouons aux touristes. Aux vrais. Notre guide cyclo, Jean-Mo, s'est métamorphosé pendant la nuit en une jeune croate ô combien bavarde : Dalida. Nos vélos ont laissé place à un grand car aux sièges ô combien plus confortables que nos selles. Et les petites averses de la veille ressemblent désormais à une pluie diluvienne !

L'imperméable : 25 kunas
Conséquence : notre visite du parc de Plitvice passe d'abord par un magasin de souvenirs afin de nous équiper en vêtements de pluie. Ma plus grosse dépense de la semaine : 4 euros. Je crains que mon blouson dit " imperméable et respirant " ne résiste pas sous le déluge qui s'abat sur nos têtes.
Quant à voir le Proscansko Jezero avec ses 2100 m de longueur, nous devons d'ores et déjà y renoncer : le sentier d'accès est fermé pour cause d'inondation. Cela fait trois jours que, dans la région, la pluie n'a cessé. Petite déception pour nous. Petite déception pour Dalida qui se réjouissait du profil inhabituel de notre groupe - jeune, sportif et dynamique - pour nous mener au plus loin dans le parc. Comme tous les touristes, nous empruntons donc le " petit train " (ça fait bien dans les dépliants touristiques, en réalité parlons plutôt d'un tracteur tirant quelques wagons) qui nous mène aux lacs supérieurs. Et là, malgré la pluie, malgré le froid, malgré la petite déception du départ, nous sommes scotchés par la beauté des lieux.

De l'eau, de l'eau, de l'eau
Sur des pontons de rondins, nous traversons une succession de petits bassins noyés dans la verdure et bruissant de chutes et de cascatelles. Même la pluie semble faire partie de cet étrange paysage mi-aquatique, mi-végétal. Sur nos têtes, sous nos pieds, à droite et à gauche, devant et derrière nous, ce ne sont que filets d'eau dévalant la pente pour se jeter, par paliers successifs, dans le lac Krozjak. Sous un couvert forestier dense, qui nous protège, les herbes basses ne sont pas les seules à disparaître sous l'eau. Les pontons en rondins sont parfois, eux aussi, immergés.
Jean-Maurice nous a leurré : il nous a conseillé de nous munir de sandales en plastique pour nous protéger des oursins lors de nos baignades dans l'Adriatique mais, en fait, c'était pour traverser le parc de Plitvice que ces sandales s'avéraient nécessaires. Ou des bottes en caoutchouc. Comment se sont remis de cette balade les jolis pieds-nus en cuir de Gisèle ? Et notre pauvre chauffeur savoyard, Stéphane, qui est resté à l'hôtel faute de chaussures adéquates !
A l'embarcadère, nous retrouvons de nombreux touristes qui, comme nous, attendent le bateau électrique qui doit nous permettre de traverser le plus grand lac du parc : Jezero Kosjak. 2 350 m sur une largeur variant de 135 m à 670 m. 83 ha. Une profondeur maximale de 46 m. Un paradis pour les dizaines de truites que nous distinguons très nettement à quelques centimètres de nous.
Mais ne croyez pas que truites, batraciens et reptiles sont les seuls habitants des 2 260 hectares de ce parc. Nous ne les avons pas vu de nos yeux vus et pourtant chevreuils et cerfs cohabitent avec les lynx, une cinquantaine de loups et pas moins d'une quarantaine d'ours bruns, dont certains atteindraient près de 300 kg.
Et nous, nous nous entassons avec une centaine d'autres mammifères à deux pattes sur le bateau électrique d'une capacité maximale de 70 personnes. Si nous coulons, donnera-t-on nos corps en pâture aux loups et aux ours ? Est-ce un moyen de réguler le tourisme ? Apparemment pas. Notre embarcation glisse silencieusement sur les eaux vertes du lac, après avoir longé l'îlot Stéphanie. Nous atteignons l'aire de pique-nique sans problème.

Une affluence digne d'un grand centre commercial le premier jour des soldes
Y a-t-il une manif dans le coin ? Non. Juste une concentration de touristes avalant leur sandwich sous de trop petits abris. Nous ne pouvons nous caser et allons nous abriter alignés sous le bord du toit d'une baraque à frites. Quelle horreur ! J'ai l'impression d'être à Eurodisney, les oreilles de Mickey en moins. Finalement, personne n'a vraiment faim. La pluie. Le froid.
Nous sommes impatients de poursuivre notre balade.

La star du parc : Veliki Slap
C'est donc d'un bon pas que nous repartons et doublons les touristes qui nous précèdent. Dalida semble presque regretter ses groupes habituels du 3ème voire du 4ème âge. Elle peine légèrement pour suivre le rythme que nous avons adopté. D'autant que le sentier grimpe. Le canyon devient de plus en plus étroit et encaissé : la falaise atteint une hauteur de 40 m. Qu'il faut ensuite descendre afin de rejoindre une passerelle de rondins zigzaguant au pied des cascades qui alimentent le dernier des lacs de Plitvice : le lac Novakovica Brod. Sur l'autre rive, le spectacle est GRANDIOSE.
Une chute de 72 m d'où dégringolent les eaux de la rivière Plitvica. C'est la star du parc : Veliki Slap, la Grande Chute. Les eaux se mêlent dans un intense bouillonnement et donnent naissance à la rivière Korana qui s'enfonce dans d'étroites gorges ponctuées de quatre nouvelles chutes. Sur la gauche, s'ouvre la grotte Supljara : un escalier assez raide taillé dans la roche permet d'y pénétrer et d'accéder par un aven au sommet du plateau dominant le lac. C'est au pas de course que je l'atteins puis rattrape mes amis plus touristes que cyclos aujourd'hui, qui entament déjà l'ascension de l'autre versant du canyon. Des images de cascades plein la tête.

Dame Nature, si belle et si fragile
Ce parc n'est pas inscrit au Patrimoine mondial de l'humanité depuis 1979 pour rien ! Bien sûr, à aucun moment nous n'avons eu le sentiment de nous perdre dans une nature sauvage. Sentiers forestiers bien balisés, pontons de rondins, petit train, bateau électrique… laissent peu de liberté au promeneur. Mais c'est peut-être le prix à payer pour assurer la préservation de l'écosystème qui a permis la lente formation de ce somptueux paysage. Seize lacs de 636 m à 480 m d'altitude, sur une longueur totale de près de 6 km, qui communiquent entre eux par des cascades en enjambant les barrières minérales constituées par des siècles de dépôts calcaires.
Grâce à la nature karstique et dolomitique du sous-sol, les eaux sont saturées de calcaire qui, accroché par les mousses et les algues, forme un dépôt solide et poreux : le travertin. Pour être encore plus précise, des algues microscopiques, déposées sur les mousses, sécrètent une substance visqueuse sur laquelle se collent les premiers cristaux de calcaire. Toujours actif, ce phénomène est d'une extrême fragilité : il dépend de la permanence des organismes végétaux tout comme de la propreté des eaux. Alors, que la présence humaine soit canalisée n'est pas si grave. Admirons Dame Nature et oublions l'aire de pique-nique digne du jardin des Tuileries à Paris.

MERCREDI 7 JUIN : 8 km

Le temps est encore bien maussade ce matin. Je me fais violence pour revêtir ma tenue de cycliste. Dès les deux premiers kilomètres, je me demande ce que je suis venue faire dans cette galère. A la sortie de Novi Vinodolski, la barrière interdisant aux camions, caravanes, camping cars et motos de circuler, en raison du vent, est baissée. Les vélos ont-ils le droit d'emprunter la route si celle-ci est interdite aux motos ? La question fait débat. Nous passons malgré tout la barrière et commençons à avancer en direction de Senj. J'ai bien du mal à tenir mon guidon tant le vent s'avère violent.

Quand Dédé s'envole…
Peu motivée, je traîne en queue de peloton quand cent mètres devant moi j'aperçois Dédé et Fabien perdre l'équilibre. Que Fabien et ses cinquante cinq kilos s'envolent, je veux bien, mais Dédé ! Charlie fait demi-tour et sans l'ombre d'une hésitation je décide de l'imiter. Fabien, qui nous parle de la peur de sa vie, a fait de même. Nous avons parcouru huit kilomètres aller-retour. Alors que nous avons à peine le temps d'échanger quelques mots devant l'hôtel, nous voyons rentrer nos camarades, un par un.
La voix de la raison a parlé : il serait inconscient de notre part de ne pas renoncer.
Nous décidons de prendre les minibus afin de nous rendre à Opatija, en purs touristes. Seuls Yves, Bernard, Pote et l'intrépide Alice préfèrent attendre à l'hôtel que le vent se calme pour s'engager à nouveau sur les routes, à vélo.

Nous nous rabattons sur la visite d'Opatija
Confortablement abrités du vent dans les véhicules, nous contournons le golfe du Kvarner, le plus profond de l'Adriatique, pour rejoindre Opatija, en Istrie. Jusqu'à la première guerre mondiale, cette ville fut un lieu de villégiature très prisé par l'aristocratie austro-hongroise. La station collectionnait les artistes de renom, les hommes politiques, les millionnaires et les têtes couronnées : François-Joseph d'Autriche, Guillaume II d'Allemagne, Charles Ier de Roumanie… Les premiers palaces d'Opatija, comme le Kvarner (1884) ou l'Impérial (1885), accueillent encore, à l'abri de leurs façades majestueuses, les touristes nostalgiques des grandes heures impériales. Le front de mer conserve l'emprunte de ce tourisme, indissociable de la Belle Epoque et des fastes de l'Autriche-Hongrie. Hôtels, pensions, villas, sanatoriums, établissements de bain s'alignent, pignon contre pignon, derrière des haies de lauriers et de bougainvillées. La promenade piétonne François-Joseph - que nous avons décidé de suivre - permet de découvrir ce faste du passé tout en épousant les courbes du littoral sur douze kilomètres.
Dans une des nombreuses petites criques, nous trouvons un cadre idéal pour notre pique-nique, après avoir profité des balançoires, tourniquets et autres jeux pour enfants, que nous sommes subitement redevenus. Surtout nous, les filles ! Finalement, nous passons aussi d'excellents moments ailleurs que sur nos vélos. Je n'irai pas jusqu'à remercier la Bora mais cette dernière nous a malgré tout amené à découvrir un autre aspect de la Croatie. Néanmoins, je vous rassure, je préfère passer mes vacances sur mon vélo que dans un de ces luxueux hôtels. Et je crois ne pas être la seule dans ce cas parmi notre petit groupe de touristes d'un jour…

JEUDI 8 JUIN : 144 km, 2 000 m de dénivelé
Novi Vinodolski, Bribir, Grizane, Kostelj, Botobrajici, Drivenik, Krizisce, Most Krk, Malinska, Krk, Vrbnik, Risika, Kras, Gabonjin, Sv. Vid, Krizisce, Tribalj, Crikvenica, Selce, Novi Vinodolski

Afin d'éviter la route du bord de mer trop fréquentée par les camions et les cars de tourisme, nous décidons de rejoindre l'île de Krk en passant par Bribir, Botobrajici et Krizisce. Cet itinéraire - que nous connaissons bien maintenant - rallonge notre circuit et ajoute du dénivelé mais garantit notre sécurité. Le détour s'impose donc. D'autant que nous sommes tous particulièrement motivés ce matin : le soleil resplendit sur la mer. Pas un nuage à l'horizon. Nous n'osions plus y croire. Nous partons même avec un quart d'heure d'avance sur l'horaire programmé par Jean-Maurice.

Le Krcki most, double arche d'une longueur de 1,5 km
Nous sommes attendus à 9h30 au péage du pont qui relie l'île au continent : également pour une question de sécurité, Jean-Maurice a dû prévenir les responsables du pont de notre passage. Mais peu de véhicules circulent ce matin et nous traversons sans encombre le Krcki most, double arche d'une longueur de 1,5 km. Impressionnant !
Sur le premier parking de l'île, nous attendent Renée, Joe et Christiane, dont ce sera la seule et unique sortie à vélo en Croatie. Des motards allemands acceptent patiemment de prendre quelques photos de notre groupe au complet. Echange de bons procédés, nous les prenons également en photo tandis que Chantal et Gisèle tentent d'échanger leurs bicyclettes contre une énorme moto à deux places. Elles ont fières allures, toutes les deux, sur cette grosse cylindrée ; mais elles doivent se rendre à l'évidence : elles devront appuyer sur les pédales aujourd'hui encore. Ce qu'elles savent d'ailleurs très bien faire, comme elles l'ont prouvé les jours précédents.

La plus grande île de l'Adriatique, le soleil et la mer…
Lancés sur la plus grande île de l'Adriatique (409 km2, 38 km dans la plus grande longueur pour 20 km de large), nous traversons d'abord un plateau pelé - où se trouve l'aéroport de Rijeka - par une route peu agréable tant la circulation y est importante. C'est donc avec soulagement que nous quittons cette dernière pour descendre, à travers une luxuriante végétation méditerranéenne, parsemée de jolies villas, à Malinska. Centre d'exportation du bois vers les chantiers navals de Trieste au XIXème siècle, c'est aujourd'hui une station fréquentée toute l'année grâce à son climat. Puis nous rejoignons Krk, capitale de l'île, par de toutes petites routes qui nous feraient presque perdre le sens de l'orientation : nous tournons à gauche, à droite, à gauche, à droite, montons, descendons, remontons, redescendons…
A 12h30, nous payons pour le stationnement du minibus - impossible d'y échapper - et nous installons dans un parc verdoyant pour un fabuleux pique-nique face à la mer et aux îles de Cres, Plavnik, Sv. Grgur et Rab. Jean-Maurice nous accorde ensuite une heure de quartier libre : les uns se reposent, d'autres vont déguster un café sur le port, Bernard s'adonne à sa passion pour la vidéo tandis que je décide de mettre à profit ma lecture des guides touristiques en partant à la découverte de l'ancien fief des Frankopan.

A la découverte du joyau de l'île éponyme
En effet, l'île était gouvernée au XIIème siècle par les ducs de Krk, vassaux de Venise qui furent l'une des plus puissantes familles de la Croatie médiévale, avant de prendre le nom des Frankopan. En 1840, le dernier Frankopan plaça l'île sous la protection des Vénitiens, qui l'annexèrent rapidement. L'île demeura donc vénitienne jusqu'à la chute de la Sérénissime (1797) avant de passer sous le contrôle des Habsbourg.
Je pénètre donc dans la vieille ville, en vélo, par la Grand-Place (Vela Placa) puis gagne le quartier de la cathédrale et les remparts contre lesquels s'appuie le palais de l'Evêché puis le Kastel, forteresse construite par les Vénitiens au XVIème siècle à partir du château des Frankopan. Par la rue Strossmayer - voie rectiligne qu'enjambent des arceaux - je me fraie patiemment un chemin parmi les touristes attirés par les commerces pour gagner la porte de la Liberté (Vrata Slobode). Je contourne la plage aménagée au fond d'une anse et parviens à la promenade de bord de mer (Setaliste Drazica), asphaltée, qui offre d'abord une très belle vue sur la vieille ville, avec ses remparts plongeant dans la mer, et la curieuse silhouette du campanile de la cathédrale. La piste me conduit ensuite, parmi les pins, à la zone hôtelière où nombre de touristes se font bronzer sur les rochers.
A 14h, je retrouve mes camarades cyclos sur le port et suggère à Jean-Maurice de les conduire au point de vue sur la vieille ville que j'ai découvert. Notre chef approuvant, nous profitons de la gentillesse d'une jeune femme qui accepte de photographier notre groupe dans ce somptueux décor.

Vrbnik, pittoresque village perché au-dessus de la mer
Mais l'horloge tourne et nous devons poursuivre notre parcours sur l'île. Sans Bernard que nous avons perdu alors qu'il avait apparemment décidé de prendre de l'avance sur le circuit. Même le minibus ne le retrouvera pas. Tant pis pour le jeune fugueur : il est suffisamment puni, contraint de rentrer seul à l'hôtel. C'est donc à quinze que nous rejoignons Vrbnik, Renée, Joe, Christiane et Nicole ayant repris place dans le minibus. Vrbnik se découvre d'abord depuis les derniers lacets qui permettent d'accéder, en descente, à ce pittoresque village pourvu d'une enceinte médiévale encore bien conservée. Contrairement aux automobilistes, nous pouvons nous arrêter pour prendre quelques photos. Nous accédons ensuite au cœur du village par d'étroites ruelles pavées où nous devons faire preuve de toute notre adresse de cycliste pour ne pas chuter. Nous débouchons sur une terrasse avec une jolie vue, en contrebas, sur le port réfugié au fond d'un petit fjord, protégé par un brise-lames semi-circulaire. Quelques vieux et magnifiques voiliers y sont amarrés. Au loin, c'est Novi Vinodolski et son blanc clocher qui s'offrent à notre regard.
L'heure continuant de tourner, nous devons penser à grimper les lacets qui nous ont permis de rejoindre Vrbnik, en doublant un motoculteur tractant une remorque. Le motoculteur semble un moyen de locomotion assez usité sur l'île. Puis nous enchaînons les montées pour atteindre les 500 m d'altitude environ, le point culminant de l'île se situant à 569 m. Qui a dit que l'étape de Krk serait plate ?
Après avoir traversé plusieurs petits villages de l'intérieur avec leurs maisons de pierre fleuries, nous rejoignons la grande route à Sv. Vid. Je m'accroche à Paul et Yves et à la vitesse à laquelle nous roulons, nous atteignons très rapidement le pont. La traversée de ce dernier s'avère plus délicate qu'à l'aller car le vent s'est levé. J'ai l'impression qu'il souffle de tous les côtés et je dois me concentrer sur ma trajectoire.

Des ailes auraient-elles poussées dans le dos de Paul et Yves ?
Le continent retrouvé, nous remontons à Krizisce afin d'éviter, comme le matin, la route du bord de mer. Là encore, je dois fournir un effort pour réussir à suivre le rythme infernal de Paul et Yves. Charlie et moi nous laissons finalement distancer sur les cent derniers mètres, mais quel écart nous avons creusé avec le reste du groupe ! Il ne nous reste plus qu'à attendre. A Botobrajici, nous prenons la route de Tribalj, plus facile que celle empruntée le matin. A Crikvenica, nous suivons le bord de mer - magnifique en cette fin d'après-midi - par une petite route jusqu'à Selce. Nous empruntons enfin la grande route sur les derniers kilomètres qui nous séparent de Novi Vinodolski. Si nous continuons à faire des détours pour l'éviter, nous ne dînerons pas. Heureusement, le trafic s'est calmé : les cars de tourisme sont déjà arrivés à destination. Et Bernard a rejoint l'hôtel Lisanj peu avant nous, ayant suivi un itinéraire plus direct que le nôtre. Tout est bien qui finit bien. Nous avons passé une journée FORMIDABLE.

VENDREDI 9 JUIN : 140 km, 2 430 m de dénivelé
Novi Vinodolski, Senj, Sv. Juraj, Oltare (1018 m), Devcici, Gorici, Svica, Orovac, Kompolje, Brlog, Rapain Dol, Prokike, , Veljun Primorski, Krivi Put, Podbilo, Alan, Klenovica, Novi Vinodolski

Pour ce dernier jour en Croatie, le soleil nous fait l'honneur d'être présent… et, surtout, le vent d'être absent. Nous n'abandonnerons pas ce circuit déjà programmé l'avant-veille, au bout de 4 km seulement, ne pouvant tenir en équilibre sur nos bicyclettes sous la violence des rafales. Au contraire, nous avançons à vive allure jusqu'à Senj puis " enquiquinons " chacun notre tour notre serre-file du jour, Paul, en nous arrêtant photographier les magnifiques points de vue sur les îles. Krk, Cres, Prvic, Sv. Grgur, Goli, Rab… Nous distinguons à peine une île de sa voisine tant elles sont proches les unes des autres. La luminosité est excellente ce matin. Tant pis pour Paul qui doit faire l'accordéon pour rejoindre le groupe de tête en compagnie des photographes attardés.

Soleil et humeur taquine
Notre serre-file se plaignant, en plaisantant bien sûr, des efforts que les photographes l'obligent à fournir, je ne peux m'empêcher de le taquiner en lui annonçant que je n'y avais pas pensé plus tôt mais que, puisqu'il soulevait le (faux) problème, j'allais volontairement traîner pour prendre de nombreux clichés. Parole que je ne tiendrai pas comme il me le fera remarquer le soir même : " Je croyais que tu devais m'embêter, toi, aujourd'hui, mais je ne t'ai pas vu derrière une seule fois de la journée ". Et non. Finalement, j'ai préféré me défouler devant avec Yves et Dédé. Mais n'anticipons pas sur le reste de la journée.
Nous sommes à Sv. Juraj et commençons à grimper une rude pente jusqu'à ce qu'une Croate nous interpelle en nous faisant comprendre que nous nous sommes trompés de route. Elle a tout de suite compris notre erreur et nous explique que cette voie ne nous mènera nulle part. Après l'avoir vivement remercié, en anglais, allemand, italien…, nous redescendons et trouvons sans difficulté le bon chemin, qui monte bien moins raide que celui que nous avions pris par erreur.

Où Fabien trouve une résidence secondaire
En effet, la pente est douce et les lacets s'enchaînent très facilement. D'autant que la vue sur la mer est absolument magnifique tandis que nous nous élevons petit à petit. Au premier plan, nous avons un monde minéral qui se détache sur le bleu foncé de l'Adriatique. J'ai hâte de voir les clichés de Fabien qui n'hésite pas à emporter un véritable matériel de pro dans sa sacoche. Nous sommes loin des coureurs du tour de France qui essaient toujours de gagner quelques grammes sur le poids de leur monture. Avec des boules de pétanque dans sa sacoche, Fabien grimperait encore avec aisance. Il semble même avoir trouvé une résidence secondaire sur la route de ce col car nous le découvrons confortablement installé dans un fauteuil, sur le seuil d'un cabanon abandonné.
A 500 m d'altitude environ, nous pénétrons dans la forêt, où nous retrouvons à la fois la fraîcheur et le vent. Au sommet du col (1018 m), nous devons nous habiller chaudement - malgré le soleil - tandis que nous attendons nos camarades moins à l'aise en montée. A notre surprise, nous devons passer un second col avant de rejoindre Svica : notre carte présentant les courbes de dénivellation ne couvre pas cette partie du circuit. C'est donc un pique-nique bien mérité que nous dégustons à Svica, devant une épicerie qui a mis à notre disposition deux bancs contre une recette inespérée en vente de sodas.

Des fourmis dans les jambes :
Après avoir longé le Svicko Jezero (lac en croate), nous empruntons la route d'Otocac. Là, ce n'est plus la petite route bucolique de la matinée mais une longue ligne droite dont le trafic reste malgré tout modéré grâce à l'autoroute qui lui est parallèle. Toutefois, le paysage présente peu d'intérêt. Alors, pour ne pas céder à l'ennui, Dédé, Yves, Charlie et moi filons à vive allure tandis que Bernard peine à nous suivre. Je me fais vraiment plaisir : j'adore la vitesse. Si bien que nous passons à côté d'un ivrogne, que ses deux amis tentent difficilement de ramener à la maison, sans le voir. C'est Fabien qui nous racontera la scène.
A Prokike, nous reprenons l'étroite route forestière d'Alan que nous connaissons bien maintenant. Janine a pris les choses en main, en infatigable grimpeuse qu'elle est, et les hommes décrochent un à un. Et oui, tant pis pour l'ego des messieurs, mais les cyclos chambériennes sont au moins aussi bonnes sur le vélo que derrière les fourneaux. Messieurs, vous avez du souci à vous faire entre Janine la grimpeuse, Michèle la volontaire, Alice la danseuse, Chantal et Gisèle les courageuses…. A la sortie du village, Dédé, Yves et moi reprenons notre course folle : bien à l'abri derrière notre Président, je ne vois rien de la chaussée et fais donc entièrement confiance à mes deux camarades, quant au choix des trajectoires, jusqu'à Novi Vinodolski.
Pour conclure ce voyage, nos camarades masculins nous prouvent une fois de plus qu'ils ne sont ni machos ni rancuniers : ils complotent à l'entrée de la ville pour que les féminines arrivent toutes en tête à l'hôtel, afin de leur faire une ovation.
Merci Messieurs.

Florence