
La Croatie, Pourquoi ? ou Pourquoi pas
!
du 3 au 10 juin 2006
21 partants un petit peu impatients
de " parvenir " dans ce pays si controversé ;
- " Tel était l'état d'esprit
du groupe de cyclos pour ce voyage un peu inédit".
Le parcours " aller ", mis à part une crevaison (sur
autoroute !) et un bouchon à la frontière slovène
s'est déroulé d'agréable façon. L'hébergement
à l'hôtel "Lisanj" dans un cadre magnifique fut
fort apprécié, ainsi que les copieux buffets accompagnants
les différents repas. Qu'ajouter au résumé de Florence
? Que malgré la "Bura" nous avons eh ! Oui ! Rouler
tous les jours (exclu la Visite du parc de Plitvice).
Que
nous avons comme " première " en file indienne, franchi
le fameux " KRCKI MOST " long de 1400 m, pour une très
belle étape ensoleillée sur l'île de K R K (n'essayez
pas de prononcer en croate !). Que l'état des routes en général,
nous a plutôt surpris, le nombre restreint de crevaison peut en
témoigner (5 ou 6)
Des pionniers ? Me direz-vous ! Pas tout à fait, il n'en demeure
pas moins qu'il fallait oser cette aventure. C'est grâce à
la convivialité, à l'ambiance et à la responsabilité
de tous les participants, que le séjour s'est déroulé
sous les meilleurs hospices, malgré le temps pas toujours agréable.
Je ne vous parlerai pas des montagnes, ni de la mer et ses couleurs,
ni des fleuves,ni des lacs,ni des nuages ni des nombreux monuments,
encore moins des souffrances constatées ou inconnues tout cela
c'est la CROATIE : paysage de contraste d'une très grande beauté.
Tous les superlatifs employés ici ou là ne reflètent
que la simple vérité de la nature croate.
Ce séjour semble avoir fait des émules *, puisque 2 clubs
nous ont déjà contacté.
Comme la tradition le veut, je remercie l'ensemble des participants
qui ont su perpétuer l'ambiance des séjours de l'ascension.
Jean Maurice Reymond
* Jean Maurice
serait-il une tête d'émules ?
10
Dames :
Gisèle Bouvet, Chantal Dupuy, Janince Ebelé, Michèle
Fréger, Nicole Ménétrier, Christiane Lefèbvre,
Jo Pinardin, Renée Reymond, Florence Benoit, Alice Ughetto Monfrin
11 Messieurs :
Gérard Gérard Allemoz, Gérard Dupuy, Yves Mathieu,
Charly Menetrier, André Lechuga, Bernard Lodo, Gérard
Lyonnet, Jean Maurice Reymond, Paul Rousselot Pailley, Stéphane
Turnar, Fabien Savouroux.
Carnet
de Voyage
SAMEDI
3 JUIN : 91 km , 1 600 m de dénivelé
Novi Vinodolski, Klenovica, Smokvica, Senj, Vratnik, Zula Lokva,
Prokike, Veljun Primorski, Krivi Put, Podbilo, Alan, Klenovica, Novi
Vinodolski
8h du matin. Pneus gonflés, chaînes graissées. Nous
sommes tous prêts à nous lancer sur les routes de notre
première étape croate. Première ou seconde étape
? Première pour les plus timorés (ou prudents, je vous
laisse le choix du qualificatif), seconde pour les plus courageux (ou
presque inconscients) qui ont affronté le vent et la pluie la
veille pendant
10 km avant de se rendre à l'évidence
: même un cyclo chambérien ne peut vaincre Eole déchaîné.
20 km aller-retour et rendez-vous à la piscine de l'hôtel
: au moins, là, l'eau est à 27°c.
Première véritable étape, donc. Et c'est par la
route du bord de mer que nous gagnons Senj, par petits groupes, au milieu
des cars de touristes. Regroupement général à la
sortie de la ville, photos du château, et nous entamons la montée
vers Zula Lockva.
La pente est douce mais la difficulté vient à nouveau
du ciel : à la fine pluie qui nous glace s'ajoute le vent. Le
redoutable vent croate. Si bien qu'au sommet, Fabien, arrivé
le premier avec Gérard L. et Paul, court nous prévenir,
Janine et moi, de descendre de nos montures avant le sommet car les
trois hommes sont passés près de la chute tant les rafales
sont violentes. Courbées comme deux petites vieilles, nous souffrons
pour avancer tout en poussant nos engins en alu qui semblent tout à
coup de plomb faits.
La
Croatie ou l'histoire d'une météo capricieuse
La bora. Un vent glacé et violent qui naît des sommets
pour mourir à la côte, en creusant des vagues de deux à
trois mètres de hauteur l'hiver. Nous ne le savions pas en partant.
Désormais, nous le savons trop bien. La bora, c'est l'ennemie
numéro 1 du cycliste en Croatie. Et si je vous dis qu'en montagne,
la température annuelle moyenne est de l'ordre de 6°C, vous
ajouterez des gants polaires dans vos valises, même en juin. Car
la montagne croate est le domaine des précipitations abondantes
et des tempêtes de neige
Je ne le savais pas en quittant Chambéry. Je ne me suis pas équipée
pour l'hiver. Tétanisée par le froid tandis que nous attendons
Nicole, Chantal et Gisèle, je capitule : à la descente
sous la pluie, je préfère la chaleur du minibus. Tout
comme Nicole. Mais nos téméraires compagnons, eux, affrontent
les mauvaises conditions climatiques jusqu'à Prokike.
L'événement
de l'année à Alan
La petite route que nous empruntons ensuite traverse une belle forêt
qui protège nos amis
cyclos
du vent même si le parcours est vallonné jusqu'à
Alan, lieu de notre pique-nique. Un café - qui ne sert pas de
café - nous met à disposition tables et bancs contre quelques
consommations. Probablement sa recette du mois ! Et l'événement
de l'année ! Notre hôte nous prend discrètement
en photo de son balcon tandis qu'un villageois désuvré
- vêtu d'un bon gros manteau et de son chapeau fourré,
lui - vient nous tenir compagnie. A la fin du repas, deux autres Croates
nous ont rejoint. Il n'en faudrait guère plus pour que nous fassions
la " une " de la presse locale !
Toujours frigorifiée, je décide subitement de repartir
en vélo. Sans réfléchir. Sinon, à coup sûr,
je préférerais de nouveau la chaleur du bus. Mais mon
courage, aussi subit soit-il, est bien récompensé : la
vue sur la mer est magnifique depuis Javorje, la descente agréable
et le vent ayant tourné nous l'avons dans le dos pour les derniers
kilomètres en bord de mer.
DIMANCHE
4 JUIN : 112 km,
1 750 m de dénivelé
Novi Vinodolski, Bribir, Lukovo, Ravno, Lic, Banovina, Fuzine, Lokve,
Homer, Gornje Jelenge, Ostrovica, Krizisce, Botobrajici, Kostelj, Grizane,
Bribir, Novi Vinodolski
Bien peu romantique est la
montée par laquelle nous débutons cette nouvelle journée
en Croatie : nous longeons sur plusieurs kilomètres une décharge
à ciel ouvert. Décor de sacs plastiques accrochés
dans les buissons. Odeur qu'il vaut mieux ne pas décrire. Pourtant,
à Novi Vinodolski, le tri sélectif semble aussi avoir
fait son apparition comme en attestent les différentes couleurs
de poubelles. Le ballet des camions, la fumée des ordures brûlées,
les hectares de déchets prouvent que seule la beauté de
la côte est préservée. Cette décharge occultée,
la route offre néanmoins un paysage de carte postale. Au premier
plan, la vieille ville avec son clocher si blanc se détachant
sur le bleu profond de l'Adriatique. Au fond, l'île de Krk et
ses falaises arides.
Laissez-moi
vous offrir, Mesdames, ces quelques brins de muguet "
Après Bribir, notre ascension se poursuit dans la forêt.
Paul et Michèle font travailler leur mémoire, outre leurs
mollets, recherchant le nom de plantes rares en Savoie. Leurs âmes
de botanistes se réveillent au milieu de cette abondante végétation.
Les yeux rivés dans les bas côtés de Paul ne manquent
pas de s'arrêter sur un brin de muguet, qu'il offre amoureusement
à Michèle. Que c'est beau l'amour ! Au sommet du col,
Yves s'éclipse quelques instants
pour revenir un énorme
bouquet de muguets dans les mains. Toujours attentionné et généreux,
notre ami offre à chaque féminine un brin de cette liliacée
à l'odeur douce et agréable. Que c'est beau l'amitié
!
La suite de notre parcours est moins tendre, du moins pour nos bras.
Nous empruntons de toutes petites routes forestières en assez
mauvais état. La plus grande vigilance est de rigueur. Plutôt
que d'admirer les petites fleurs, nous anticipons sur notre trajectoire.
J'ai le sentiment d'être perdue au milieu de nulle part. Les villages
de Lukovo et Ravno ne comptent que quelques habitations. Les très
rares voitures que nous croisons sont tellement surprises de voir en
ces lieux le joli peloton que nous formons qu'elles s'arrêtent
systématiquement pour nous laisser passer. Nous sommes loin de
la côte et de ses cars de touristes !
Trente
kilomètres : trois heures !
A la sortie de la forêt, nous faisons une halte à la chapelle
de Marija Snjezna, construite sur un vaste plateau où poussent
des gentianes des neiges. Nous nous inquiétons un peu en
constatant
que nous n'avons parcouru guère plus d'une trentaine de kilomètres
en trois heures de temps : la longue montée puis la route défoncée
ont rendu particulièrement lente notre progression. Heureusement,
à partir de Lic, la chaussée est excellente. A la sortie
de Fuzine, nous prenons toutefois le temps de jeter un il au lac
et au barrage de Jezero Bajer puis nous passons le grand plateau. Jusqu'à
ce qu'une bonne grosse averse nous contraigne à nous abriter
sous une épaisse forêt. La montée qui suit est facile
mais un pneu de Gérard D. ayant éclaté, nous sommes
à nouveau amenés à faire une pause prolongée,
peu avant un joli belvédère sur le lac de Lokvarsko jezero.
A Lokve, l'estomac dans les talons, nous sommes enchantés par
le restaurant que nos intendantes du minibus nous ont réservé.
Avec garage à vélo qui plus est ! Un abribus pour nous
! Un abribus pour nos vélos ! Nous sommes protégés
de la pluie qui s'abat à nouveau sur la région, du vent
et du froid en nous serrant les uns contre les autres tels des manchots
sur leur banquise.
Il
ne manquait plus que la neige. La voilà !
Après le repas, Nicole et moi décidons de profiter du
minibus plutôt que de poursuivre en vélo sous un régime
d'averses intermittentes. Chacun l'aura compris : je déteste
la pluie. Et surtout le mal de gorge et la toux qu'elle ne manque pas
de déclencher systématiquement. Nos camarades, eux, prennent
la direction de Homer pour rejoindre la route que nous avons descendue
juste avant le déjeuner, en passant près du lac. A notre
grande surprise, la neige amassée sous un toit de Homer ne remonte
pas à plusieurs semaines mais date des jours précédents.
Ce ne sont pas des tubes de crème solaire que nous aurions dû
emporter dans nos bagages mais nos gants d'hiver et nos bonnets !
Nicole se réjouit d'être montée dans le minibus
tandis que nos courageux camarades affrontent une pente à 15
ou 16%, avant d'essuyer une nouvelle averse dans la descente vers Gornje
Jelenje. Heureusement, la suite de la descente est sèche, le
soleil jouant à cache-cache avec les nuages.
Ratatinés
De Botobrajici à Bribir, la route s'avère particulièrement
vallonnée mais très agréable. De jolis petits villages,
dont un doté d'un fort assez bien conservé, se succèdent.
Seule l'entrée dans Novi Vinodolski se révèle véritablement
délicate en raison d'importants travaux : la route n'est plus
que trous et cailloux. " Pour finir la journée bien ratatinés
" selon l'expression de Gisèle. Yves, lui, a perdu sa sacoche
de selle au cours de la journée et Bernard une vis indispensable
au mécanisme du frein avant de son vélo tout neuf. Sacrée
journée ! Même les vélos semblent " ratatinés
".
LUNDI 5 JUIN : 135 km, 2 050 m de dénivelé
Novi Vinodolski, Breze, Razkrizje, Mosune, Rodojcici, Dreznica, Zrnici,
Nikolici, Jezenane, Krizpolje, Brinje, Prokike, Veljun Primorski, Krivi
Put, Podbilo, Alan, Novi Vinodolski
Autant vous le dire tout de
suite : j'ai renoncé dès que j'ai ouvert les rideaux de
ma chambre. Car derrière les rideaux à fleurs, il y avait
des rideaux de pluie sur les montagnes. Et le vent. Et le froid. Trop
pour moi. Nicole et Charlie ont pris la même décision de
leur côté. Nous restons à l'hôtel tandis que
Renée, Christiane, Jo et Stéphane suivront le groupe en
minibus après avoir vainement tenté de se procurer une
vis pour le frein de Bernard. qui se trouve donc au chômage technique
partiel puisqu'il se voit contraint de ne pédaler que dans les
montées et d'avoir recours au minibus dans les longues descentes.
Mais n'est-ce pas pour lui une occasion rêvée de filmer
confortablement ses camarades ? Et puis n'a-t-il pas obtenu l'adresse
d'un vélociste de Crikvenica qui pourra certainement le dépanner
? Allez, courage Bernard.
Quand
elle ne pédale pas, Alice danse
C'est sous une pluie intermittente, dans la fraîcheur et quelques
petites nappes de brouillard que les plus courageux des cyclos chambériens
affrontent les trente kilomètres de montée par lesquels
débute cette étape. Grâce à l'accueil chaleureux
des montagnards croates - qui ne voient pas en nous des touristes dont
il faut extorquer un maximum d'argent - le peloton affamé trouve
un joli café où s'abriter pour pique-niquer. Et une très
gentille serveuse. Afin de réconforter chacun, Alice, dont c'est
le premier voyage avec le club, offre tisanes et cafés à
l'ensemble de ses camarades. Avant de se lancer dans une danse endiablée
avec un Croate, qui semble trouver beaucoup de charme à cette
petite cycliste française. Jean-Maurice, lui, réfléchit
déjà à l'organisation de son prochain voyage en
constatant que dix-huit enfants ont réussi à s'installer
dans un minibus de neuf places, lors du ramassage scolaire. Ne pourrait-on
pas faire l'économie du deuxième minibus en casant dix-huit
cyclos chambériens dans un seul véhicule ?
Souffrant du froid, Chantal décide de passer l'après-midi
avec ses copines du minibus. Il faut dire que Stéphane a trouvé
une activité particulièrement intéressante afin
de rompre avec la monotonie des forêts que le circuit traverse
: les courses d'escargots. Ces derniers semblent en effet avoir marqué
les esprits lors de cette étape car, lors de mon enquête
du soir pour collecter les impressions de chacun, Gérard L. ne
me parle que des ENORMES escargots qui jalonnaient les routes. Quant
à Gisèle - qui n'a pas faibli de la journée - elle
me confiera que c'est certainement le circuit le plus difficile de sa
carrière cyclotte compte tenu de sa longueur et du dénivelé.
Alors je n'aurai qu'un mot pour ma camarade de chambre : félicitations
!
Charlie
et moi : deux triathlètes en Croatie
Et moi dans tout ça ? Ne croyez pas que j'ai passé la
journée à flemmarder. Non. Pas du tout. Charlie et moi
nous sommes reconvertis dans le triathlon : marche le matin durant les
averses passagères, natation le midi à la piscine de l'hôtel
et 74 km de vélo l'après-midi, à vive allure, pour
1.115 m de dénivelé, sous le soleil revenu.
MARDI 6
JUIN : Une journée sur et sous l'eau !
Visite du parc national des lacs de Plitvice
Aujourd'hui, nous jouons aux
touristes. Aux vrais. Notre guide cyclo, Jean-Mo, s'est métamorphosé
pendant la nuit en une jeune croate ô combien bavarde : Dalida.
Nos vélos ont laissé place à un grand car aux sièges
ô combien plus confortables que nos selles. Et les petites averses
de la veille ressemblent désormais à une pluie diluvienne
!
L'imperméable
: 25 kunas
Conséquence : notre visite du parc de Plitvice passe d'abord
par un magasin de souvenirs afin de nous équiper en vêtements
de pluie. Ma plus grosse dépense de la
semaine
: 4 euros. Je crains que mon blouson dit " imperméable et
respirant " ne résiste pas sous le déluge qui s'abat
sur nos têtes.
Quant à voir le Proscansko Jezero avec ses 2100 m de longueur,
nous devons d'ores et déjà y renoncer : le sentier d'accès
est fermé pour cause d'inondation. Cela fait trois jours que,
dans la région, la pluie n'a cessé. Petite déception
pour nous. Petite déception pour Dalida qui se réjouissait
du profil inhabituel de notre groupe - jeune, sportif et dynamique -
pour nous mener au plus loin dans le parc. Comme tous les touristes,
nous empruntons donc le " petit train " (ça fait bien
dans les dépliants touristiques, en réalité parlons
plutôt d'un tracteur tirant quelques wagons) qui nous mène
aux lacs supérieurs. Et là, malgré la pluie, malgré
le froid, malgré la petite déception du départ,
nous sommes scotchés par la beauté des lieux.
De
l'eau, de l'eau, de l'eau
Sur des pontons de rondins, nous traversons une succession de petits
bassins noyés dans la verdure et bruissant de chutes et de cascatelles.
Même la pluie semble faire partie de cet étrange paysage
mi-aquatique, mi-végétal. Sur nos têtes, sous nos
pieds, à droite et à gauche, devant et derrière
nous, ce ne sont que filets d'eau dévalant la pente pour se jeter,
par paliers successifs, dans le lac Krozjak. Sous un couvert forestier
dense, qui nous protège, les herbes basses ne sont pas les seules
à disparaître sous l'eau. Les pontons en rondins sont parfois,
eux aussi, immergés.
Jean-Maurice nous a leurré : il nous a conseillé de nous
munir de sandales en plastique pour nous protéger des oursins
lors de nos baignades dans l'Adriatique mais, en fait, c'était
pour traverser le parc de Plitvice que ces sandales s'avéraient
nécessaires. Ou des bottes en caoutchouc. Comment se sont remis
de cette balade les jolis pieds-nus en cuir de Gisèle ? Et notre
pauvre chauffeur savoyard, Stéphane, qui est resté à
l'hôtel faute de chaussures adéquates !
A l'embarcadère, nous retrouvons de nombreux touristes qui, comme
nous, attendent le bateau électrique qui doit nous permettre
de traverser le plus grand lac du parc : Jezero Kosjak. 2 350 m sur
une largeur variant de 135 m à 670 m. 83 ha. Une profondeur maximale
de 46 m. Un paradis pour les dizaines de truites que nous distinguons
très nettement à quelques centimètres de nous.
Mais ne croyez pas que truites, batraciens et reptiles sont les seuls
habitants des 2 260 hectares de ce parc. Nous ne les avons pas vu de
nos yeux vus et pourtant chevreuils et cerfs cohabitent avec les lynx,
une cinquantaine de loups et pas moins d'une quarantaine d'ours bruns,
dont certains atteindraient près de 300 kg.
Et nous, nous nous entassons avec une centaine d'autres mammifères
à deux pattes sur le bateau électrique d'une capacité
maximale de 70 personnes. Si nous coulons, donnera-t-on nos corps en
pâture aux loups et aux ours ? Est-ce un moyen de réguler
le tourisme ? Apparemment pas. Notre embarcation glisse silencieusement
sur les eaux vertes du lac, après avoir longé l'îlot
Stéphanie. Nous atteignons l'aire de pique-nique sans problème.
Une
affluence digne d'un grand centre commercial le premier jour des soldes
Y a-t-il une manif dans le coin ? Non. Juste une concentration de touristes
avalant leur sandwich sous de trop petits abris. Nous ne pouvons nous
caser et allons nous abriter alignés sous le bord du toit d'une
baraque à frites. Quelle horreur ! J'ai l'impression d'être
à Eurodisney, les oreilles de Mickey en moins. Finalement, personne
n'a vraiment faim. La pluie. Le froid.
Nous sommes impatients de poursuivre notre balade.
La
star du parc : Veliki Slap
C'est donc d'un bon pas que nous repartons et doublons les touristes
qui nous précèdent. Dalida semble presque regretter ses
groupes habituels du 3ème voire du 4ème âge. Elle
peine légèrement pour suivre le rythme que nous avons
adopté. D'autant que le sentier grimpe. Le canyon devient de
plus en plus étroit et encaissé : la falaise atteint une
hauteur de 40 m. Qu'il faut ensuite descendre afin de rejoindre une
passerelle de rondins zigzaguant au pied des cascades qui alimentent
le dernier des lacs de Plitvice : le lac Novakovica Brod. Sur l'autre
rive, le spectacle est GRANDIOSE.
Une chute de 72 m d'où dégringolent les eaux de la rivière
Plitvica. C'est la star du parc : Veliki Slap, la Grande Chute. Les
eaux se mêlent dans un intense bouillonnement et donnent naissance
à la rivière Korana qui s'enfonce dans d'étroites
gorges ponctuées de quatre nouvelles chutes. Sur la gauche, s'ouvre
la grotte Supljara : un escalier assez raide taillé dans la roche
permet d'y pénétrer et d'accéder par un aven au
sommet du plateau dominant le lac. C'est au pas de course que je l'atteins
puis rattrape mes amis plus touristes que cyclos aujourd'hui, qui entament
déjà l'ascension de l'autre versant du canyon. Des images
de cascades plein la tête.
Dame
Nature, si belle et si fragile
Ce parc n'est pas inscrit au Patrimoine mondial de l'humanité
depuis 1979 pour rien ! Bien sûr, à aucun moment nous n'avons
eu le sentiment de nous perdre dans une nature sauvage. Sentiers forestiers
bien balisés, pontons de rondins, petit train, bateau électrique
laissent peu de liberté au promeneur. Mais c'est peut-être
le prix à payer pour assurer la préservation de l'écosystème
qui a permis la lente formation de ce somptueux paysage. Seize lacs
de 636 m à 480 m d'altitude, sur une longueur totale de près
de 6 km, qui communiquent entre eux par des cascades en enjambant les
barrières minérales constituées par des siècles
de dépôts calcaires.
Grâce à la nature karstique et dolomitique du sous-sol,
les eaux sont saturées de calcaire qui, accroché par les
mousses et les algues, forme un dépôt solide et poreux
: le travertin. Pour être encore plus précise, des algues
microscopiques, déposées sur les mousses, sécrètent
une substance visqueuse sur laquelle se collent les premiers cristaux
de calcaire. Toujours actif, ce phénomène est d'une extrême
fragilité : il dépend de la permanence des organismes
végétaux tout comme de la propreté des eaux. Alors,
que la présence humaine soit canalisée n'est pas si grave.
Admirons Dame Nature et oublions l'aire de pique-nique digne du jardin
des Tuileries à Paris.
MERCREDI
7 JUIN : 8 km
Le temps est encore bien maussade
ce matin. Je me fais violence pour revêtir ma tenue de cycliste.
Dès les deux premiers kilomètres, je me demande ce que
je suis venue faire dans cette galère. A la sortie de Novi Vinodolski,
la barrière interdisant aux camions, caravanes, camping cars
et motos de circuler, en raison du vent, est baissée. Les vélos
ont-ils le droit d'emprunter la route si celle-ci est interdite aux
motos ? La question fait débat. Nous passons malgré tout
la barrière et commençons à avancer en direction
de Senj. J'ai bien du mal à tenir mon guidon tant le vent s'avère
violent.
Quand
Dédé s'envole
Peu motivée, je traîne en queue de peloton quand cent mètres
devant moi j'aperçois Dédé et Fabien perdre l'équilibre.
Que Fabien et ses cinquante cinq kilos s'envolent, je veux bien,
mais
Dédé ! Charlie fait demi-tour et sans l'ombre d'une hésitation
je décide de l'imiter. Fabien, qui nous parle de la peur de sa
vie, a fait de même. Nous avons parcouru huit kilomètres
aller-retour. Alors que nous avons à peine le temps d'échanger
quelques mots devant l'hôtel, nous voyons rentrer nos camarades,
un par un.
La voix de la raison a parlé : il serait inconscient de notre
part de ne pas renoncer.
Nous décidons de prendre les minibus afin de nous rendre à
Opatija, en purs touristes. Seuls Yves, Bernard, Pote et l'intrépide
Alice préfèrent attendre à l'hôtel que le
vent se calme pour s'engager à nouveau sur les routes, à
vélo.
Nous
nous rabattons sur la visite d'Opatija
Confortablement abrités du vent dans les véhicules, nous
contournons le golfe du Kvarner, le plus profond de l'Adriatique, pour
rejoindre Opatija, en Istrie. Jusqu'à la première guerre
mondiale, cette ville fut un lieu de villégiature très
prisé par l'aristocratie austro-hongroise. La station collectionnait
les artistes de renom, les hommes politiques, les millionnaires et les
têtes couronnées : François-Joseph d'Autriche, Guillaume
II d'Allemagne, Charles Ier de Roumanie
Les premiers palaces d'Opatija,
comme le Kvarner (1884) ou l'Impérial (1885), accueillent encore,
à l'abri de leurs façades majestueuses, les touristes
nostalgiques des grandes heures impériales. Le front de mer conserve
l'emprunte de ce tourisme, indissociable de la Belle Epoque et des fastes
de l'Autriche-Hongrie. Hôtels, pensions, villas, sanatoriums,
établissements de bain s'alignent, pignon contre pignon, derrière
des haies de lauriers et de bougainvillées. La promenade piétonne
François-Joseph - que nous avons décidé de suivre
- permet de découvrir ce faste du passé tout en épousant
les courbes du littoral sur douze kilomètres.
Dans une des nombreuses petites criques, nous trouvons un cadre idéal
pour notre pique-nique, après avoir profité des balançoires,
tourniquets et autres jeux pour enfants, que nous sommes subitement
redevenus. Surtout nous, les filles ! Finalement, nous passons aussi
d'excellents moments ailleurs que sur nos vélos. Je n'irai pas
jusqu'à remercier la Bora mais cette dernière nous a malgré
tout amené à découvrir un autre aspect de la Croatie.
Néanmoins, je vous rassure, je préfère passer mes
vacances sur mon vélo que dans un de ces luxueux hôtels.
Et je crois ne pas être la seule dans ce cas parmi notre petit
groupe de touristes d'un jour
JEUDI 8
JUIN : 144 km, 2 000 m de dénivelé
Novi Vinodolski, Bribir, Grizane, Kostelj, Botobrajici, Drivenik,
Krizisce, Most Krk, Malinska, Krk, Vrbnik, Risika, Kras, Gabonjin, Sv.
Vid, Krizisce, Tribalj, Crikvenica, Selce, Novi Vinodolski
Afin
d'éviter la route du bord de mer trop fréquentée
par les camions et les cars de tourisme, nous décidons de rejoindre
l'île de Krk en passant par Bribir, Botobrajici et Krizisce. Cet
itinéraire - que nous connaissons bien maintenant - rallonge
notre circuit et ajoute du dénivelé mais garantit notre
sécurité. Le détour s'impose donc. D'autant que
nous sommes tous particulièrement motivés ce matin : le
soleil resplendit sur la mer. Pas un nuage à l'horizon. Nous
n'osions plus y croire. Nous partons même avec un quart d'heure
d'avance sur l'horaire programmé par Jean-Maurice.
Le
Krcki most, double arche d'une longueur de 1,5 km
Nous sommes attendus à 9h30 au péage du pont qui relie
l'île au continent : également pour une question de sécurité,
Jean-Maurice a dû prévenir les responsables du pont de
notre passage. Mais peu de véhicules circulent ce matin et nous
traversons sans encombre le Krcki most, double arche d'une longueur
de 1,5 km. Impressionnant !
Sur le premier parking de l'île, nous attendent Renée,
Joe et Christiane, dont ce sera la seule et unique sortie à vélo
en Croatie. Des motards allemands acceptent patiemment de prendre quelques
photos de notre groupe au complet. Echange de bons procédés,
nous les prenons également en photo tandis que Chantal et Gisèle
tentent d'échanger leurs bicyclettes contre une énorme
moto à deux places. Elles ont fières allures, toutes les
deux, sur cette grosse cylindrée ; mais elles doivent se rendre
à l'évidence : elles devront appuyer sur les pédales
aujourd'hui encore. Ce qu'elles savent d'ailleurs très bien faire,
comme elles l'ont prouvé les jours précédents.
La
plus grande île de l'Adriatique, le soleil et la mer
Lancés sur la plus grande île de l'Adriatique (409 km2,
38 km dans la plus grande longueur pour 20 km de large), nous traversons
d'abord un plateau pelé - où se trouve l'aéroport
de
Rijeka
- par une route peu agréable tant la circulation y est importante.
C'est donc avec soulagement que nous quittons cette dernière
pour descendre, à travers une luxuriante végétation
méditerranéenne, parsemée de jolies villas, à
Malinska. Centre d'exportation du bois vers les chantiers navals de
Trieste au XIXème siècle, c'est aujourd'hui une station
fréquentée toute l'année grâce à son
climat. Puis nous rejoignons Krk, capitale de l'île, par de toutes
petites routes qui nous feraient presque perdre le sens de l'orientation
: nous tournons à gauche, à droite, à gauche, à
droite, montons, descendons, remontons, redescendons
A 12h30, nous payons pour le stationnement du minibus - impossible d'y
échapper - et nous installons dans un parc verdoyant pour un
fabuleux pique-nique face à la mer et aux îles de Cres,
Plavnik, Sv. Grgur et Rab. Jean-Maurice nous accorde ensuite une heure
de quartier libre : les uns se reposent, d'autres vont déguster
un café sur le port, Bernard s'adonne à sa passion pour
la vidéo tandis que je décide de mettre à profit
ma lecture des guides touristiques en partant à la découverte
de l'ancien fief des Frankopan.
A
la découverte du joyau de l'île éponyme
En effet, l'île était gouvernée au XIIème
siècle par les ducs de Krk, vassaux de Venise qui furent l'une
des plus puissantes familles de la Croatie médiévale,
avant de prendre le nom des Frankopan. En 1840, le dernier Frankopan
plaça l'île sous la protection des Vénitiens, qui
l'annexèrent rapidement. L'île demeura donc vénitienne
jusqu'à la chute de la Sérénissime (1797) avant
de passer sous le contrôle des Habsbourg.
Je pénètre donc dans la vieille ville, en vélo,
par la Grand-Place (Vela Placa) puis gagne le quartier de la cathédrale
et les remparts contre lesquels s'appuie le palais de l'Evêché
puis le Kastel, forteresse construite par les Vénitiens au XVIème
siècle à partir du château des Frankopan. Par la
rue Strossmayer - voie rectiligne qu'enjambent des arceaux - je me fraie
patiemment un chemin parmi les touristes attirés par les commerces
pour gagner la porte de la Liberté (Vrata Slobode). Je contourne
la plage aménagée au fond d'une anse et parviens à
la promenade de bord de mer (Setaliste Drazica), asphaltée, qui
offre d'abord une très belle vue sur la vieille ville, avec ses
remparts plongeant dans la mer, et la curieuse silhouette du campanile
de la cathédrale. La piste me conduit ensuite, parmi les pins,
à la zone hôtelière où nombre de touristes
se font bronzer sur les rochers.
A 14h, je retrouve mes camarades cyclos sur le port et suggère
à Jean-Maurice de les conduire au point de vue sur la vieille
ville que j'ai découvert. Notre chef approuvant, nous profitons
de la gentillesse d'une jeune femme qui accepte de photographier notre
groupe dans ce somptueux décor.
Vrbnik,
pittoresque village perché au-dessus de la mer
Mais l'horloge tourne et nous devons poursuivre notre parcours sur l'île.
Sans Bernard que nous avons perdu alors qu'il avait apparemment décidé
de prendre de l'avance sur le circuit. Même le minibus ne le retrouvera
pas. Tant pis pour le jeune fugueur : il est suffisamment puni, contraint
de rentrer seul à l'hôtel. C'est donc à quinze que
nous rejoignons Vrbnik, Renée, Joe, Christiane et Nicole ayant
repris place dans le minibus. Vrbnik se découvre d'abord depuis
les derniers lacets qui permettent d'accéder, en descente, à
ce pittoresque village pourvu d'une enceinte médiévale
encore bien conservée. Contrairement aux automobilistes, nous
pouvons nous arrêter pour prendre quelques photos. Nous accédons
ensuite au cur du village par d'étroites ruelles pavées
où nous devons faire preuve de toute notre adresse de cycliste
pour ne pas chuter. Nous débouchons sur une terrasse avec une
jolie vue, en contrebas, sur le port réfugié au fond d'un
petit fjord, protégé par un brise-lames semi-circulaire.
Quelques vieux et magnifiques voiliers y sont amarrés. Au loin,
c'est Novi Vinodolski et son blanc clocher qui s'offrent à notre
regard.
L'heure continuant de tourner, nous devons penser à grimper les
lacets qui nous ont permis de rejoindre Vrbnik, en doublant un motoculteur
tractant une remorque. Le motoculteur semble un moyen de locomotion
assez usité sur l'île. Puis nous enchaînons les montées
pour atteindre les 500 m d'altitude environ, le point culminant de l'île
se situant à 569 m. Qui a dit que l'étape de Krk serait
plate ?
Après avoir traversé plusieurs petits villages de l'intérieur
avec leurs maisons de pierre fleuries, nous rejoignons la grande route
à Sv. Vid. Je m'accroche à Paul et Yves et à la
vitesse à laquelle nous roulons, nous atteignons très
rapidement le pont. La traversée de ce dernier s'avère
plus délicate qu'à l'aller car le vent s'est levé.
J'ai l'impression qu'il souffle de tous les côtés et je
dois me concentrer sur ma trajectoire.
Des
ailes auraient-elles poussées dans le dos de Paul et Yves ?
Le continent retrouvé, nous remontons à Krizisce afin
d'éviter, comme le matin, la route du bord de mer. Là
encore, je dois fournir un effort pour réussir à suivre
le rythme infernal de Paul et Yves. Charlie et moi nous laissons finalement
distancer sur les cent derniers mètres, mais quel écart
nous avons creusé avec le reste du groupe ! Il ne nous reste
plus qu'à attendre. A Botobrajici, nous prenons la route de Tribalj,
plus facile que celle empruntée le matin. A Crikvenica, nous
suivons le bord de mer - magnifique en cette fin d'après-midi
- par une petite route jusqu'à Selce. Nous empruntons enfin la
grande route sur les derniers kilomètres qui nous séparent
de Novi Vinodolski. Si nous continuons à faire des détours
pour l'éviter, nous ne dînerons pas. Heureusement, le trafic
s'est calmé : les cars de tourisme sont déjà arrivés
à destination. Et Bernard a rejoint l'hôtel Lisanj peu
avant nous, ayant suivi un itinéraire plus direct que le nôtre.
Tout est bien qui finit bien. Nous avons passé une journée
FORMIDABLE.
VENDREDI
9 JUIN : 140 km, 2 430 m de dénivelé
Novi Vinodolski, Senj, Sv. Juraj, Oltare (1018 m), Devcici, Gorici,
Svica, Orovac, Kompolje, Brlog, Rapain Dol, Prokike, , Veljun Primorski,
Krivi Put, Podbilo, Alan, Klenovica, Novi Vinodolski
Pour ce dernier jour en Croatie,
le soleil nous fait l'honneur d'être présent
et,
surtout, le vent d'être absent. Nous n'abandonnerons pas ce circuit
déjà programmé l'avant-veille, au bout de 4 km
seulement, ne pouvant tenir en équilibre sur nos bicyclettes
sous la violence des rafales. Au contraire, nous avançons à
vive allure jusqu'à Senj puis " enquiquinons " chacun
notre tour notre serre-file du jour, Paul, en nous arrêtant photographier
les magnifiques points de vue sur les îles. Krk, Cres, Prvic,
Sv. Grgur, Goli, Rab
Nous distinguons à peine une île
de sa voisine tant elles sont proches les unes des autres. La luminosité
est excellente ce matin. Tant pis pour Paul qui doit faire l'accordéon
pour rejoindre le groupe de tête en compagnie des photographes
attardés.
Soleil
et humeur taquine
Notre serre-file se plaignant, en plaisantant bien sûr, des efforts
que les photographes l'obligent à fournir, je ne peux m'empêcher
de le taquiner en lui annonçant que je n'y avais pas pensé
plus tôt mais que, puisqu'il soulevait le (faux) problème,
j'allais volontairement traîner pour prendre de nombreux clichés.
Parole que je ne tiendrai pas comme il me le fera remarquer le soir
même : " Je croyais que tu devais m'embêter, toi, aujourd'hui,
mais je ne t'ai pas vu derrière une seule fois de la journée
". Et non. Finalement, j'ai préféré me défouler
devant avec Yves et Dédé. Mais n'anticipons pas sur le
reste de la journée.
Nous sommes à Sv. Juraj et commençons à grimper
une rude pente jusqu'à ce qu'une Croate nous interpelle en nous
faisant comprendre que nous nous sommes trompés de route. Elle
a tout de suite compris notre erreur et nous explique que cette voie
ne nous mènera nulle part. Après l'avoir vivement remercié,
en anglais, allemand, italien
, nous redescendons et trouvons sans
difficulté le bon chemin, qui monte bien moins raide que celui
que nous avions pris par erreur.
Où
Fabien trouve une résidence secondaire
En effet, la pente est douce et les lacets s'enchaînent très
facilement. D'autant que la vue sur la mer est absolument magnifique
tandis que nous nous élevons petit à petit. Au premier
plan,
nous avons un monde minéral qui se détache sur le bleu
foncé de l'Adriatique. J'ai hâte de voir les clichés
de Fabien qui n'hésite pas à emporter un véritable
matériel de pro dans sa sacoche. Nous sommes loin des coureurs
du tour de France qui essaient toujours de gagner quelques grammes sur
le poids de leur monture. Avec des boules de pétanque dans sa
sacoche, Fabien grimperait encore avec aisance. Il semble même
avoir trouvé une résidence secondaire sur la route de
ce col car nous le découvrons confortablement installé
dans un fauteuil, sur le seuil d'un cabanon abandonné.
A 500 m d'altitude environ, nous pénétrons dans la forêt,
où nous retrouvons à la fois la fraîcheur et le
vent. Au sommet du col (1018 m), nous devons nous habiller chaudement
- malgré le soleil - tandis que nous attendons nos camarades
moins à l'aise en montée. A notre surprise, nous devons
passer un second col avant de rejoindre Svica : notre carte présentant
les courbes de dénivellation ne couvre pas cette partie du circuit.
C'est donc un pique-nique bien mérité que nous dégustons
à Svica, devant une épicerie qui a mis à notre
disposition deux bancs contre une recette inespérée en
vente de sodas.
Des
fourmis dans les jambes :
Après avoir longé le Svicko Jezero (lac en croate), nous
empruntons la route d'Otocac. Là, ce n'est plus la petite route
bucolique de la matinée mais une longue ligne droite dont le
trafic reste malgré tout modéré grâce à
l'autoroute qui lui est parallèle. Toutefois, le paysage présente
peu d'intérêt. Alors, pour ne pas céder à
l'ennui, Dédé, Yves, Charlie et moi filons à vive
allure tandis que Bernard peine à nous suivre. Je me fais vraiment
plaisir : j'adore la vitesse. Si bien que nous passons à côté
d'un ivrogne, que ses deux amis tentent difficilement de ramener à
la maison, sans le voir. C'est Fabien qui nous racontera la scène.
A Prokike, nous reprenons l'étroite route forestière d'Alan
que nous connaissons bien maintenant. Janine a pris les choses en main,
en infatigable grimpeuse qu'elle est, et les hommes décrochent
un à un. Et oui, tant pis pour l'ego des messieurs, mais les
cyclos chambériennes sont au moins aussi bonnes sur le vélo
que derrière les fourneaux. Messieurs, vous avez du souci à
vous faire entre Janine la grimpeuse, Michèle la volontaire,
Alice la danseuse, Chantal et Gisèle les courageuses
. A
la sortie du village, Dédé, Yves et moi reprenons notre
course folle : bien à l'abri derrière notre Président,
je ne vois rien de la chaussée et fais donc entièrement
confiance à mes deux camarades, quant au choix des trajectoires,
jusqu'à Novi Vinodolski.
Pour conclure ce voyage, nos camarades masculins nous prouvent une fois
de plus qu'ils ne sont ni machos ni rancuniers : ils complotent à
l'entrée de la ville pour que les féminines arrivent toutes
en tête à l'hôtel, afin de leur faire une ovation.
Merci Messieurs.
Florence